Les prescripteurs doivent désormais
déterminer le statut sérologique VHB (virus de l'hépatite B)
chez tous les patients avant d'initier un traitement par
l'inhibiteur des tyrosines kinases ibrutinib, substance active de
l'antinéoplasique hospitalier IMBRUVICA 140 mg gélule.
Pour les
patients VHB séropositifs, une
consultation chez un médecin spécialisé en
hépatologieest
recommandée avant l'instauration du traitement.
Si le traitement par IMBRUVICA est
maintenu, ces patients doivent bénéficier d'une
surveillance et d'un traitement de
prévention de la réactivation du VHB.
Ces
nouvelles recommandations font suite à des
notifications de cas de réactivation du virus de l’hépatite B (VHB) chez des patients traités par IMBRUVICA depuis sa commercialisation, dont un cas d'issue fatale.
Représentation en 3D de virus de l'hépatite B (illustration).
Déterminer le statut sérologique de l'hépatite B chez tous les patientsLe
statut sérologique de l'hépatite B doit désormais être déterminé
chez tous les patients avant l'initiation d'un traitement par ibrutininb (IMBRUVICA 140 mg gélule), un antinéoplasique inhibiteur des protéines kinases (
Cf.
Encadré 1).
Encadré 1 - L'ibrutinib en bref
L'ibrutinib est un antinéoplasique de la famille des inhibiteurs des protéines kinase. Il entre dans la composition du médicament hospitalier IMBRUVICA, commercialisé depuis 2014 en France (Cf. notre article du 5 décembre 2014) et indiqué dans les hémopathies malignes suivantes : - en monothérapie, dans le traitement des patients adultes atteints d'un lymphome à cellules du manteau (LCM) en rechute ou réfractaire ;
- en monothérapie, dans le traitement des patients adultes atteints d'une leucémie lymphoïde chronique (LLC) non précédemment traités ;
- en monothérapie ou en association à la bendamustine et au rituximab (BR), dans le traitement des patients adultes atteints d'une LLC ayant reçu au moins un traitement antérieur ;
- en monothérapie, dans le traitement des patients adultes atteints d'une macroglobulinémie de Waldenström (MW) ayant reçu au moins un traitement antérieur, ou comme traitement de première intention chez les patients pour lesquels une chimio-immunothérapie n'est pas appropriée.
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Des cas de réactivation de l'hépatite B chez des patients traités par ibrutinibRelayée auprès des prescripteurs concernés dans un
courrier du laboratoire Janssen-Cilag, en date du 19 juillet 2017, cette nouvelle recommandation repose sur la déclaration de
cas de réactivation de l'hépatite B survenus chez des patients traités par ibrutinib au cours d'essais cliniques depuis la commercialisation de ce médicament.
Le délai de survenue était "
variable et sans profil clair".
Certains patients avaient des antécédents connus d'hépatite B et pour d'autres, le statut sérologique de l'hépatite B n'était pas connu. Les patients ayant une hépatite B active avaient été exclus de ces essais.
Selon les résultats des essais cliniques dont le laboratoire Janssen-Cilag International N.V. était promoteur, "la
fréquence de la réactivation de l'hépatite B est catégorisée
« peu fréquent »", de l'ordre de 0,2 %.
Pas de transplantation hépatique mais un décèsParmi les cas notifiés, il n'a
pas été rapporté d'insuffisance hépatique fulminante ayant nécessité une
transplantation hépatique. En revanche,
un décès a été signalé, dans un contexte de mélanome métastasé au foie, aux poumons et à la rate.
Dans la
majorité des cas, le traitement par ibrutininb a été
arrêté ou interrompu.
Un
traitement antiviral anti-VHB a été
instauré pour réduire la charge virale.
"Dans certains cas, le rôle de l'ibrutinib dans la survenue de la réactivation virale a été
confondu par une immunochimiothérapie antérieure ou concomitante associée à une réactivation virale".
Les nouvelles recommandationsOutre le
dépistage de l'infection par le VHB chez tous les patients avant d'initier un traitement par IMBRUVICA, il est
recommandé :
- de faire bénéficier les patients VHB positifs d'une consultation chez un médecin spécialisé en hépatologie avant l'instauration du traitement ;
- de surveiller les patients VHB positifs traités par IMBRUVICA et de mettre en oeuvre laprise en charge médicale usuelle dans la prévention de la réactivation du VHB.
Inhibiteurs des tyrosines kinases : une classe associée à la réactivation du virus de l'hépatite BJusqu'à présent, le risque de réactivation du virus de l'hépatite B n'était pas signalé dans le
RCP(résumé des caractéristiques du produit) et la
notice d'IMBRUVICA. Ces documents seront
mis à jour prochainement.
En revanche, ce risque a été identifié pour d'autres médicaments de la même classe pharmacologique, les
inhibiteurs de la tyrosine kinase BCR-ABL (GLIVEC, TASIGNA, SPRYCEL, BOSULIF et ICLUSIG).
Depuis 2016 en effet, un
dépistage du statut sérologique VHB est recommandé avant l'initiationde l'un de ces traitements (
notre article du 11 avril 2016), en raison du risque de réactivation du VHB et des complications associées (insuffisance hépatique, hépatite).