Evaluation des risques liés à la consommation de boissons autres que le lait maternel ou ses substituts chez les nourrissons
Suite à plusieurs signalements de cas graves chez des enfants de moins d’un an, nourris partiellement ou exclusivement avec des boissons végétales présentées comme des « laits végétaux » (soja, riz, amande, châtaigne, quinoa, etc.) ou des laits d’origine animale (chèvre, ânesse, jument, etc.), l’Anses s’est autosaisie. L’analyse des compositions nutritionnelles de ces produits montre qu’ils ne sont pas adaptés aux besoins des nourrissons. L’Agence rappelle ainsi que le lait maternel est l’aliment le mieux adapté aux besoins du nourrisson. En l’absence d’allaitement ou en complément de celui-ci, seules les préparations pour nourrissons ou les préparations de suite, autorisées par la réglementation, peuvent couvrir les besoins nutritionnels de l’enfant.
La croissance de l’enfant lors des premiers mois est considérable : en moyenne, son poids de naissance est multiplié par 3, sa taille croît de près de 50 % et le poids de son cerveau passe de 300-400 g à plus d’1 kg en seulement un an. Par conséquent, le nourrisson est particulièrement dépendant d’une alimentation adéquate lui permettant de couvrir ses besoins nutritionnels et de lui assurer un développement optimal. Ces besoins ont ainsi servi à fixer les normes de composition des préparations pour nourrissons et préparations de suite.
Suite au signalement de plusieurs cas graves de malnutrition chez de très jeunes enfants ayant été partiellement ou totalement nourris avec des boissons autres que le lait maternel ou des préparations infantiles (lait premier et deuxième âge), l’Anses s’est autosaisie de l’évaluation des risques liés à ces produits dans l’alimentation des nourrissons.
Les produits considérés dans cette évaluation sont des boissons courantes comme les boissons végétales parfois présentées comme des « laits végétaux » (à base par exemple de soja, de riz, d’amande, etc.), ainsi que les laits d’origine animale (par exemple chèvre, ânesse, brebis, jument, etc.).
Ces boissons ont récemment connu un fort développement, et sont consommées en complément ou même en remplacement des produits formulés pour répondre aux besoins des nourissons. Ces pratiques de substitutions partielles ou totales sont parfois appliquées par certains parents aux nourrissons pour des raisons d’allergies, d’intolérance aux préparations infantiles ou encore simplement par conviction.
Le travail de l’Anses
L’expertise collective réalisée par le comité d’experts spécialisé (CES) « Nutrition humaine » s’est basée sur la comparaison des données nutritionnelles de la plupart de ces boissons vis-à-vis des valeurs seuils réglementaires des préparations pour nourrissons.
Cette analyse de compositions montre en majorité que ces boissons ne permettent pas de couvrir les besoins nutritionnels des nourrissons.
Chez le nourrisson, toute insuffisance d’apport en énergie, protéines, lipides, minéraux ou vitamines, peut avoir des conséquences sur la croissance en poids, en taille et sur le développement cérébral. Les répercussions sont d’autant plus sévères que l’insuffisance d’apport est précoce et prolongée.
De telles pratiques peuvent en effet entraîner un état de malnutrition ou des désordres métaboliques sévères pouvant conduire à des complications infectieuses et aller jusqu’au décès de l’enfant.
Recommandations de l’Agence
Sur la base de cette analyse, l’Anses indique que :
- Les parents doivent être informés du fait que les boissons courantes qu’elles soient d’origine végétale ou animale ne conviennent pas aux nourrissons âgés de moins d’un an : elles ne peuvent se substituer au lait maternel et/ou aux laits infantiles 1er et 2ème âge, cette pratique pouvant être à l’origine d’accidents graves.
- L’Agence rappelle que le lait maternel est l’aliment le mieux adapté aux besoins du nourrisson. Elle souligne également l’importance de l’alimentation de la mère au cours de la période de grossesse et d’allaitement. Une attention toute particulière doit être portée aux femmes ayant une alimentation de type végétalien ou végane (sans produits d’origine animale), qui doivent recevoir une complémentation en vitamine B12 pendant ces périodes cruciales.
- En l’absence d’allaitement ou en complément de celui-ci, il est à noter qu’à chaque âge correspond un lait approprié : de 0 à 4-6 mois le lait premier âge, de 4-6 mois à un an le lait deuxième âge (ou « préparation de suite »), après un an mieux vaut privilégier le lait de croissance, par rapport au lait de vache, qui ne correspond aux besoins nutritionnels de l’enfant qu’à partir de 3 ans.
- En cas d’intolérance du nourrisson aux protéines de lait de vache, des préparations pour nourrissons, formulées à partir de protéines végétales peuvent être prescrits par des médecins, mais il s’agit toujours de préparations spécialement formulées pour couvrir les besoins des nourrissons.